Saint-Pierre de Valeriis | Le passé religieux de la Clape

Carnet d'exploration du patrimoine religieux perdu.
Sur les traces des anciens lieux de culte.

Sur les chemins des manifestations de l'ancienne France chrétienne dans le massif de la Clape, province ecclésiastique de Narbonne

Positionnement temporel

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A l’origine de la Christianisation

La genèse de lieu de culte dans la campagne Narbonnaise se situerait au mieux entre la fin du IVe siècle et le début du Ve faisant suite au concile d'Arles en 314 qui promeut les lieux de culte en dehors de la Cité et exprime la volonté d'évangéliser les campagnes.

Que ceux qui ont été ordonnés ministres pour servir dans un lieu, persévèrent dans ce lieu,
Canon 2
.

L'émergence de lieux cultuels dans le massif de la Clape

Il est fait mention dès le IXe siècle de chapelles édifiées dans la Clape (cellam Sancti Petri et Pauli in territoritorio Narbonensi in insula Litia, 870) soit quatre siècles après les premières mentions des lieux cultuels à Narbonne.
Ces chapelles ont depuis disparues pour la plupart et leur emplacement a été oublié.

  • Théonyme: nom de divinité employé comme nom de lieu ou comme nom propre (ex. Narbo Martius)
    Hagionyme: nom de saint
    Hagiotoponymie: nom de saint et par extension nom religieux utilisé pour un nom de lieu

De nos jours, les paysages de la Clape gardent encore les traces de ces implantations ou orientations passées. Une multitude d'hagionymes, preuve de l'enracinement important dans l'Aude, est visible; les lieux-dits la Chapelle, Montolieu, Saint-Geniès, Saint-Laurent, l'île de Saint-Martin, la grotte de Saint-Salvayre, la métairie de Saint-Félix, le col de la Crouzette et bien d'autres encore.


Les nécropoles chrétiennes, signe de l'existence d'un lieu de culte?
  • Globalement deux fonctionnements du couple nécropole/lieu de culte peuvent être distingués.
  • Le premier concerne la nécropole établie à l'extérieur des murs selon la loi antique et qui progressivement se retrouve intégrée au village.
  • Le second concerne l'implantation d'un lieu de culte près d'une nécropole par regroupement de population.

Certains éléments, telles les fouilles récentes à Saint-Martin du Bas qui ont mis en ėvidence une nécropole chrétienne (tombes orientées E-O) datée de la fin Ve-début VIe siècle, peuvent laisser présumer d'une existence plus ancienne de lieux de culte à l'aube de la christianisation et au début du Haut Moyen-Âge, du territoire de la Clape.

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Carte des lieux cultuels du massif de la Clape: date de la première attestation d'existence.

Vocable

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Chapelle de village, de campagne ou de domaine

  • Typologie des chapelles
  • Type I: Dans un castrum, par l'évêque et les habitants
  • Type II: Dans un territoire qui appartient à l'Église, par un évêque
  • Type III: Dans un domaine, par un grand propriétaire
  • Type IV: Dans un lieu désert, par un reclus ou des moines

Il est possible de classifier les chapelles selon leur type d'implantation.

Saint-Pierre de Valeriis | Saint-Pierre la Mer

Garrigue de la Pierre, commune de Pérignan (Fleury)

Chapelle disparue sous le vocable de Saint-Pierre (Type II/III) Apôtre | titulaire majeur Apparition du vocable à l'époque Carolingienne

Toponymes

<1085

<1789

  • XIe s. ⇒ XVIIe s.
  • Église
    Règle de Saint-Augustin, puis ordre des Bénédictins
  • Ecclesiam Sancti Petri, 1085
    Sancti Petri de Valeriis, 1114
    Beati Petri de Valeriis ecclesia, 1119
  • Commanderie de l'ordre de Malte
    (Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem)
    Le nom Valeriis est remplacé par Mari
  • Domus Sancti Petri de Mare, 1167
    Domus hospitalis Sancti Petri de Mare, 1179
    Sancta Maria de Mari, 1191 (Chronica, Roger de Hoveden)
    Domus Sancti Petri de Mari, 1329
    Sainct Pierre de la Mer, 1345
    Sant Peire de Mer, 1389-1589
    Commanderie de Sainct Pierre la Mer, 1606
    Saint-Pierre, 1626
    La présence est encore signalée en 1663 comme le confirme la croix de Malte gravée que l'on trouve sur le domaine actuel utilisée comme linteau d'une porte.
    Saint-Pierre de Mer, 1789
    Sur les cartes du XVIIIe siècle, on trouve aussi en bordure de mer les ruines d'une église appelée Saint-Pierre
    à l'emplacement de l'actuelle chapelle.

  • Hagiotoponymie: Indication du cap Saint-Pierre comme repère sur les portulans
    (A partir de la seconde moitié du XIVe siècle)

    Samper, San Per, 1375 (Atlas Catalan) - 1403
    S. Per, 1559

    Narbonne et l'embouchure de l'Aude, Atlas Catalan Abraham Cresques 1375 © BNF

Frise chronologique de Saint-Pierre de Valeriis


Faisant suite à la réforme Grégorienne (principalement entre 1054 et 1189) et aux croisades (1095-1291), de nouveaux ordres s'établissent à partir des XIe- XIIe siècles et en particulier les chanoines réguliers puis les Hospitaliers.
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Les textes mentionnant la chapelle

La chapelle était au XIe siècle, avant la donation de 1085, déjà occupée par une communauté de chanoines réguliers, ce qui permet d'estimer sa construction dans la seconde moitié de ce même siècle.


① 1085, Donation d'une église située dans la Clape à proximité du rivage dont le nom est Saint-Pierre, par Rainardo de Perignano qui s'était approprié le lieu.

Cette première mention apporte deux informations essentielles: la proximité de la mer et la présence d'un port.

Licchis

L'île du Lec, la Clape

Portum Valerias

Depuis l'Antiquité, le paysage de la zone des graus de l'Aude a été fortement modifié. Ainsi jusqu'au XVe siècle, le domaine s'étendait d'un seul tenant dans lequel la branche Nord de l'Aude encadrée de lagunes divaguait au grès des crues. A proximité de l'embouchure de l'Aude, jusqu'à la fin du XVIIIe siècle, la communication de l'étang de Vendres avec la mer, portait le nom de Grau de Valleras.
Sur les cartes du XVIIe siècle, le rocher de Saint-Pierre porte aussi le nom de Roc de la Valière (ou les Vallieres).

In suburbio Narbonensi, in loco qui dicitur Licchis ipsam ecclesiam que ibi antiquitus fundata est in honorem et nomen Sancti Pétri, in litore maris, juxta portum scilicet qui appellatur Valerias.
Cartulaire de l'abbaye de Saint-Sernin de Toulouse, H 501 n° 1 liasse 1 n° 8, 1085 (texte complet)


② 1114, Bulle du Pape Pascal II

Pascal II exempte l'église de Saint-Pierre de la juridiction de l'ordinaire et la place sous la juridiction immédiate du Saint-Siège.
Pascal II restitue l'église de Saint-Pierre de Valeriis et ses appartenances à Jean, prieur (Johanni, priori aecclesiae Sancti Petri de Valeriis), et accorde divers privilèges.

Epsitola ad Iohannem Priorem Ecclesiae beati Petri de Valeriis in Septimania
Paschalis episcopus, servus servorum Dei, dilecto filio lohanni priori ecclesiae beati Petri de Valeriis eiusque successoribus canonice substituendis, in perpetuum.

Bulle de Pascal II, 1114 © Thelma
Bulle de Pascal II, 1114 © Thelma

STEPHANI BALVZII MISCELLANEORVM LIBER SECVNDVS, Hoc est, COLLECTIO VETERVM
monumentorum quae hactenus latuerant in varijs codicibus ac bibliothecis – Étienne Baluze, dec 1679

③ 1119, Bulle du Pape Calixte II

Calixte II confirme la bulle de Pascal II et donne l'église à l'abbaye de La Grasse:

le gouvernement spirituel et temporel du monastère de St-Pierre de Valériis est donné à l’abbé de Lagrasse, Bérenger 1er, sous le cens annuel de deux sols d’or.
(1117-1158 : Bérenger Ier de Narbonne et archevêque de Narbonne de 1156 à 1162)
Epsitola ad Berengariam Abbatem monasterii Crassensis en Septimania
... Siquidem beati Petri de Valeriis Ecclesia, quae Sanctae Romanae Ecclesia juris est, interiùs exteriùsque attrita & tam in spiritualibus quam etiam in temporalibus plurimùum diminuta est.

Bulle de Calixte II, 1119 © Thelma
Bulle de Calixte II, 1119 © Thelma

STEPHANI BALVZII MISCELLANEORVM LIBER SECVNDVS, Hoc est, COLLECTIO VETERVM
monumentorum quae hactenus latuerant in varijs codicibus ac bibliothecis – Étienne Baluze, dec 1679

Les Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem

L’ordre des Hospitaliers de Saint-Jean, ordre de Malte, ou ordre de Saint-Jean de Jérusalem, fut fondé vers 1080.

La présence des Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem à Narbonne est attestée dès 1143 (Premier commandeur connu, Bernard Pilon de Cat en 1143, et donations mentionnées à cette même date ).
Entre 1177 et 1181, ils s'y installèrent au lieu-dit Coyran (hôpital Saint-Jean de Jérusalem de Coyran)

④ 1174 Donation de divers biens dont l'église Saint-Pierre de la Mer par Pons d'Arce, Archevêque de Narbonne à la maison de Saint-Jean de Jérusalem (Guillaume d'Alagnan, commandeur)
En Cité de Narbonne, la chapelle n'était pas encore construite. Ce n'est qu'en 1177 que l'Archevêque Pons d'Arce autorisa l'Ordre à y construire un oratoire.

Cet acte de 1174 de l'Archevêque de Narbonne mentionne la donation parmi d'autres biens, sous certaines conditions de l'église Saint-Pierre de la Mer. Une référence antérieure datant de 1167 laisserait supposer que l'église était déjà occupée par l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem.

Anthoine Rocque: Inventaire des actes et documents de l'archevêché de Narbonne fait en l'an 1639 : II.1 : Privilèges pontificaux. T.3 © AD11 Anthoine Rocque: Inventaire des actes et documents de l'archevêché de Narbonne fait en l'an 1639 : II.1 : Privilèges pontificaux. T.3 © AD11

⑤ 1191 La description des côtes de la Narbonnaise dans les textes de Roger de Hoveden
  • Chronica magistri Rogeri de Houedene by Roger, of Hoveden, d. ca. 1201; Stubbs, William, 1825-1901 Volume 3
    &
    Annalium Parte Posteriore, ad Ann. 1191
    Mémoire pour l'histoire naturelle de la province de Languedoc Jean Astruc 1737
  • Deinde transierunt per castellum bonum, situm in littore maris, quod dicitur Cockeliure et ibi est portus bonus, qui dicitur portus Veneris. Deinde transierunt per quandam arenam protensam in mare, quae dicitur Caput Leucate, faciens signum magnum, in quo prope littus maris est bona civitas episcopalis, quae dicitur Nerbona et in monasterium, quod dicitur Sancta Maria de Mari. Deinde transierunt per quandam terram protensam in mare, que dicitur Briscou.

Près de la ville de Narbonne, un monastère est cité sous le nom de Sancta Maria de Mari dans Chronica magistri Rogeri de Houedene. Le vocable "Sainte-Marie" pourrait se rapporter à la chapelle Notre-Dame des Auzils, mais le toponyme n'apparait pas dans les cartes postérieures alors qu'émerge celui de Saint-Pierre. Quant à "Mari", il est à rapprocher de "Sancti Petri de Mari", commanderie de l'Ordre de Malte au XIIe siècle située sur le littoral.
De ces éléments, il en ressort que le toponyme cité par Roger de Hoveden, fait certainement référence à Saint-Pierre de la mer.

Chronica, 1192, Roger de Hoveden (ed. William Stubbs) (4 vols., Rolls series, 1868–71) Chronica, 1192, Roger de Hoveden (ed. William Stubbs) (4 vols., Rolls series, 1868–71)

⑥ 1198, De marabetino quod debebat Hospitalis de Iherusalem Sancto Saturnino (Bernard du Lac, procureur des biens)
La maison priorale des Hospitaliers située à Saint-Gilles (Domus Hospitalis prioratus Sancti Egidii), sur la rive languedocienne du Petit-Rhône, est l'un des plus anciens établissements de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem en Occident

Redevance (cens) versée par les Hospitaliers à l'abbaye de Saint-Sernin de Toulouse (Du marabeti dû par l'Hôpital de Saint-Gilles à l'abbaye de Saint-Sernin).
L'église Saint-Pierre de Mer et son territoire faisait partie des biens du grand Prieuré de Saint-Gilles. Il délégua ensuite à celui de Toulouse la direction des affaires temporelles.

Notum sit cunctis quod dompnus Poncius, abbas eclesie Sancti Saturnini venit ante presentiam Bertrandi de Amilavo, priore Hospitalis de Iherusalem Sancti Egidil, petens ei unum bonum marabetinum quem Hospitale de Iherusalem debebat facere singulis annis in festo sancti Saturnini eclesie Sancti Saturnini pro eclesia et pro honore Sancti Petri de Mari et iam dictus prior mandavit et dixit quod Sicredus de Lera, qui tune erat prior Hospitalis Sancti Remedii Tolose, ... Carta in Archives de la Haute-Garonne. Fonds de Saint Sernin. Liasse 1. Titre 30e

⑦ 1214, Donation de la ville et du château de Gatpadencs à l'Ordre de Saint-Jean (Bernard de Béziers, commandeur)

Dans cette donation, on apprend que Bernard de Béziers (Bernardo de Biteuris), Commandeur de Narbonne, administre les deux Domus de Narbonne et de Saint-Pierre la Mer.


Gatpadencs, Gasparencs: Gasparets, commune de Boutenac, ancienne rectorie du diocèse de Narbonne.

Dame Aude de Gatpadencs donne à l'Ordre " son château et sa ville de Gatpadencs, avec les hommes, uzages foriscapious, mazages, patus, cazals, champs, terres, jardins et agriers, vignes et généralement avec toutes ses dépendances " et est reçue soeur de l'Hôpital " le Commandeur lui donna l'habit et croix de l'Ordre voulant qu'elle eut part aux prières et biens dudit Ordre " .

irrevocabuiter trado Domino Deo et Ste Mariae et Ste Johani Baptistae et Hospitali Iherosolimitano et domui specialitor ejusdem Hospitalis St Johanis de Narbona et tibi Bernardo de Biteuris domus St Petri de Mari et domus Narbonae curam et administrationem tenenti,... Histoire du grand prieuré de Toulouse et des diverses possessions de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem dans le sud-ouest de la France. A. Du Bourg ; Ordre de Malte, 1883
En 1223, la Maison de Saint-Pierre est dissociée de celle de Narbonne (Rainald ou Reynal, commandeur de la commanderie de Narbonne)


⑧ 1280 Almaric concède à Pons d'Engala (Pons de Ungala), précepteur de l'Ordre de Malte, la maison de Saint-Pierre, sous les réserves de la justice "mere et mixte impere".


⑨ 1329 Transaction entre les consuls de la Cité et le précepteur de la maison de Saint-Pierre de la Mer, de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem, sur leurs prétentions respectives concernant les droits d'emphytéose, de pâturage, de chasse et de pêche, de lignerage, de cueillette du vermillon, de cens et de forescape dans le territoire de l'île del Lec
Hugues Lager, précepteur de la maison de Saint-Pierre de la Mer, de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem , sise dans l'île del Lec
... vel eciam in fulurum oriri posset aut eciam speraretur sive ventilari inler religiosum virum fratrem Hugonem Lagerii, militem, preceptorem domus Sancti Pétri de Mari, hospitalis Sancti Johannis Jerosolimitani scite in insula de Lico, Narbonensis diocesis, et ejus predecessores dicte domus preceptores et nomine ejusdem domus... Archives communales de la ville de Narbonne, CXLVIII, AA.99, 1er Thalamus, f°265.

Localisation: description du territoire

Deux textes nous renseignent sur l'étendue du territoire de l'église en 1114 et du domus des hospitaliers en 1329, montrant par la même son accroissement en deux siècles.

Dans la bulle du Pape Pascal II, 1114
Bulle de Pascal II, 1114 © Thelma
Pascal II, pape, confirme les biens et les privilèges de l'église Saint-Pierre-les-Vallières.
Ipsum itaque locum ab omnium mortalium potestate, invasione, oppressione ac gravamine liberum semper manere decernimus, sicut in presenti Villa indictione suis finibus ambitur, scilicet ab ipso colle super Guadam, inde super montem Rotundum et super initium vallis Leporarie, inde ad alodium de Bochet et usque ad ipsum Portellum, inde ad Pertusatas et ad Guaitam et super Embriciatas et super campum Ardonis et super Malam Celatam, usque ad mare.

Recoupement des lieux décrits dans une transaction de 1329

Dans une transaction de 1329, entre les consuls de la Cité et le percepteur de la Maison de Saint-Pierre la Mer, les parties décrites délimitent le terrain contentieux et désignent les points où seront posés les bornes fixant les limites.
Trois secteurs peuvent être identifiés: le premier correspond aux territoires (ténements) situés à l'Ouest de la garrigue de Saint-Pierre entre Vires et Combe-Longue. Le second fait référence à l'actuel territoire de Rouquette. Le troisième s'étend de Fleury jusqu'à la mer en passant par les territoires des Bugadelles.

Les lieux recouvrent certains territoires et la limite sud décrits dans la bulle de 1114.
D'autres lieux sont identifiables, tels que Pech Rouge, La Femme Morte, le plan de Cabrerisse, la Combe Labit...

... les ténements de l'ile del Lec, désignés sous les noms de lo Cres, las Gachas, Pueg Rascas, los Escoriatz, Val Lobeyra, Val Longua, Plan de Mala Salada, Capardo, Plan Dugon, Podium de Beraut, Rec Dortolz, Femna Morta, Pueg Roc, Comba de Lavit, Pausa Martin, Plan de la Cabrayrissa, la Scalaytrala, lo Fregador, Huel Sal, Pertusat et le rivage de la mer.
Archives communales de Narbonne, série AA 99, thalamus I, f°265 (Texte d'origine)
1114
Bulle du Pape Pascal II
1329
Transaction
Interprétation
1 Guadam  
Du bas latin guadum, passage, gué
2 Montem Rotundum  
Pech Redon
Mont Rond
3 Vallis Leporarie  
Combe Levrière
Du latin lepus, leporis, lièvre
4 Alodium de Bochet  
Le Bouquet
Alors que tous les autres élements sont des éléments de paysage, celui-ci désigne un territoire.
Dans d'autres transcriptions de la bulle de Pascal II, il est indiqué sous le nom Podium de Bochet
5 Portellum  
Du latin portella signifiant petite porte, col
6 Pertusatas Pertusat Du bas latin pertus, pertusium, il désigne un lieu de passage étroit, comme un col de montagne, un passage à travers des gorges (Petra pertusata. Pierre-Percée).
Dans la logique de la transaction de 1329, ce lieu se situerait à proximité des Exals et pourrait désigner le chenal d'accés de la mer aux étangs
7 Guaitam Las Gachas
De gaita, tour de guet. (en occitan gacha)
8 Embriciatas  
Dans d'autres transcriptions de la bulle de Pascal II, il est indiqué sous le nom Embruciatas
9 Campum Ardonis Capardo Ad Claudardou | 1273, Capardon, Cap Ardou | 1329, Campardou
Lieu-dit au terroir de la Clape
du bas latin, campus rotondus, champ circulaire.
Ce lieu est indiqué sur le territoire de Saint-Pierre del Lec, commune d'Armissan.
10 Malam Celatam Plan de Mala Salada
Malam Celatam | 1114 Pla de Malasalada | 1317, Plan de Mala Salada | 1329
Lieu dit au terroir de la Clape. Salade, autre nom donné aux fourches patibulaires.
Un lieu-dit actuel à l'est de Marmorières porte le nom les Armasses de Justice
11 Lo Cres
La Cresse
le lieu dit apparait aussi dans une transaction de 1305
12 Pueg Rascas
Pech Rusquet
au Nord Est de Vires
13 los Escoriatz
Les Escourjeats
14 Val Lobeyra
Combe Louvière
15 Val Longua
Combe Longue, Camp Long
16 Plan Dugon
17 Podium de Beraut
18 Rec Dortolz
19 Femna Morta
La Femme Morte
20 Pueg Roc
Pech Rouge
21 Comba de Lavit
Combe Labit
22 Pausa Martin
(Nom familier) lieu ou l’on s’arrète
11 Plan de la Cabrayrissa
Plan de Cabrerisse
23 la Scalaytrala
Les Cayrols
24 lo Fregador
25 Huel Sal
Les Exals

Traces et vestiges

La croix de Malte au domaine de Saint-Pierre le Mer

Au domaine de Saint-Pierre la mer, on peut observer une croix de Malte gravée sur une pierre utilisée comme linteau.
Elle porte la date de 1663. Elle est encadrée en haut et en bas par des inscriptions dont les lettres sont peu lisibles.


Une dépendance de la commanderie

Les cartes anciennes

Chapelle Saint-Pierre ou Commanderie de Saint Pierre la Mer (1626)?


Saint-Pierre de Mer (1789)
(Dernière mention connue)

Les garrigues de la Pierre et de Saint-Pierre, territoires de nos jours.

Eléments de territoire


Glossaire

  • Le vocabulaire de l'habitat et du territoire ecclésiastique au Moyen-Âge
  • Diocèse: Territoire sur lequel s'exerce l'autorité d'un siège épiscopal c'est-à-dire d'un évêque. (diocèse de Narbonne: Dioecesis Narbonensis érigé au IVe siècle)
  • Paroisse: Division religieuse: Circonscription ecclésiastique dans laquelle s'exerce le ministère d'un curé.
    Du latin parochia
  • Decimaire ou dîmaire: Division religieuse: Liste des biens et "feux" payant l’impôt ce qui définit un territoire des sujets payants la dîme à un même prieur. Ce territoire peut être différent de celui de la paroisse.
    Du latin decimarium
  • Rectorie: Résidence du curé d'une paroisse (recteur)
    Du latin rectoria, rector
  • Finage: Étendue d'un territoire villageois.
    Du latin finis, fines signifiant limite, clôture, d'un domaine
  • Celle: Au Moyen-Âge, ermitage ou petit monastère
    Du latin cella
  • Villa: Xe siēcle. Territoire cultivé évoluant au gré du temps et borné par les termes terminos ou fines.
  • Castrum: Village groupé et fortifié, localité émergente
  • Vicus: Petite agglomération dépourvue de rempart et plus réduite qu'une cité (civitas)
  • Terminium:Évolution de la villa vers une unité territoriale
  • Oratoire: Local ou petit édifice destiné à la prière. (XIIe siècle)

Pour en savoir plus

1. Abbé Sabarthès Dictionnaire topographique du département de l'Aude comprenant les noms de lieu anciens et modernes (1912). Source gallica.BnF.fr / Bibliothèque nationale de France.
2. Élie Griffe, Études d'histoire Audoise (IXe-XIVe siècles). Carcassonne, les Imprimeries Gabelle, 1976
3. R. P. Dom. J-M Besse, Abbayes et prieurés de l'ancienne France, Tome IV, province écclésiastique de Narbonne, Source gallica.BnF.fr / Bibliothèque nationale de France., Jouve 1911
4. Les Chroniques Pérignanaises les Calvaires de la commune
5. Robert Aymard Hagiotoponymie de l'Aude. In: Nouvelle revue d'onomastique, n°45-46, 2005. pp. 5-42.
6. Christophe Pellecuer, Laurent Schneider. Premières églises et espace rural en Languedoc (V-Xe s.). Aux origines de la paroisse rurale en Gaule méridionale (IV-IXe s.), Mar 2003, Toulouse, France.
7. Pierre Chastang, Lire, écrire, transcrire. Le travail des rédacteurs de cartulaires en Bas-Languedoc (XIème-XIIIème siècles), 2002, Comité des travaux historiques et scientifiques
8. Reconnaissances de biens tenus à cens faites à la commanderie de Narbonne et de Saint-Pierre-la-Mer pour des possessions à Vendres. 1351, H911, Archives Départementales de l'Aude série H suppléments
9. Abbé Sabarthès. La commanderie de Narbonne in Mémoires de la Société des arts et des sciences de Carcassonne, 1894-1895
10. Archives de la Haute-Garonne Commanderie de Narbonne



Histoire du Languedoc
1. Vic, Claude de, & Vaissète, Joseph Histoire générale de Languedoc, avec des notes & les pièces justificatives, publication 1730-1745. Université Fédérale, Tolosana


Gallia Christiana
1. Claude Robert, Gallia christiana, in qua regni Franciae ditionumque vicinarum dioeceses et in iis praesules describuntur, Paris, Sébastien Cramoisy, Édition 1626.
2. Louis et Scévole de Sainte-Marthe, Gallia christiana qua series omnium archiepiscorum, episcoporum et abbatum Franciae, vicinarumque ditionum, ab origine ecclesiarum ad nostra tempora, vol 1: archevéchés Paris, Vve Edmond Pépingué et Vve Gervais Aliot, édition 1656, 4 vol.
3. Louis et Scévole de Sainte-Marthe, Gallia christiana qua series omnium archiepiscorum, episcoporum et abbatum Franciae, vicinarumque ditionum, ab origine ecclesiarum ad nostra tempora, vol 4: abbayes et prieurés Paris, Vve Edmond Pépingué et Vve Gervais Aliot, édition 1656, 4 vol.
4. Gallia Christiana, tome 6, 1739 : province de Narbonne (évêchés de Béziers, Agde, Carcassonne, Nîmes, Alais, Montpellier, Lodève, Uzès, Saint-Pons, Alet).


Notre-Dame de Liesse
1. Didier Maertens, De l'art du réemploi au XIIe siècle. deux images de notre-dame de liesse éditées à paris par jean messager in Annales d’Histoire de l’Art & d’Archéologie de l’Université libre de Bruxelles, 33, 2011, pp. 99-136
2. Chanoine Étienne-Nicolas Villette, Histoire de Notre-Dame de Liesse, p118 Laon, 1728


Institut de Recherche et d'Histoire des Textes, 2010. (Telma)
1. Charte Artem/CMJS n°1807: Charles III le Simple, roi des Francs, confirme les biens de l'abbaye de La Grasse situés dans les pagi de Carcassonne, Narbonne, Conflent et Razès, et accorde aux moines l'immunité et le droit d'élection de l'abbé.
2. Charte Artem/CMJS n°2457: 1114, Pascal II, pape, confirme les biens et les privilèges de l'abbaye Saint-Pierre-les-Vallières.
3. Charte Artem/CMJS n°1784: 870, Charles le Chauve, roi des Francs, confirme les biens de l'abbaye de La Grasse et son immunité.
4. Charte Artem/CMJS n°3900: 1085, Donation de l'église Saint-Pierre
5. Charte Artem/CMJS n°2469: 1119, Calixte II, pape, donne l'église Saint-Pierre-sur-Mer à l'abbaye de La Grasse.


Chartes & bulles
1. Elisabeth MAGNOU-NORTIER & Anne-Marie MAGNOU Recueil des chartes de l'Abbaye de La Grasse, Tome I 779-1119, U.R.A. 247 Laboratoire d'Etudes méridionales, 1996 © BNF
2. Claudine Pailhès Recueil des chartes de l'Abbaye de La Grasse, Tome II 1117-1279 CTHS, 2000 © BNF
3. C. Douais Cartulaire de l'abbaye de Saint-Sernin de Toulouse : 844-1200 publié en 1887 Liasse I titre 8e, p. 494-495 © BNF
4. Paul Fabre Le Liber censuum de l'Église romaine p. 209, publié en 1889
5. J-P Migne Patrologiae cursus completus. T. 163, Paschalis II, Gelasii II, Calixti II, Romanorum pontificium, Epistolae et privilegia. Accedunt Cononis S. R. E. cardinalis, Radulfi Remensis, Radulfi Cantuariensis, archiepiscoporum, Guillelmi de Campellis Catalaunensis, Theogeri Metensis, Ernulfi Roffensis, Marbodi Redonensis episcoporum, Placidi Incertae Sedis episcopi, Arnaldi S. Petri Vivi Senonensis abbatis, Pontii Abbatis S. Rufi, Gregorii presbyteri Romani, Petri de Honestis clerici Ravennatis, Hugonis de Sancta Maria Floriacensis monachi, Laurentii Veronensis, Theobaldi Stampensis, Lamberti Audomarensis, Hugonis de Clericiis, Joannis Constantiensis, Anonymi Metensis Opuscula, diplomata, epistolae / accurante, p 360 et 1114, 1854

Base Mérimée, ministère français de la Culture
1. Notice PA00102538: Vestiges de l'église Saint-Pierre del Lec